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Quatre raisons de se réjouir de l’accession du juge Kavanaugh

Brett Kavanaugh legt de eed af als Rechter voor het Amerikaanse Hooggerechtshof.

Brett Kavanaugh legt de eed af als Rechter voor het Amerikaanse Hooggerechtshof.

foto © Reporters / DPA. Fred Schilling, Collection of the Supreme Court of the United States via CNP

La nomination du juge Kavanaugh à la Cour suprême des Etats-Unis a pu paraître surréaliste. Pourtant, il s’agit d’un événement dont il ne faut pas mésestimer la portée historique au sens strict.

Vu d’Europe, le fracas autour de la nomination du juge Kavanaugh à la Cour suprême des Etats-Unis a pu paraître surréaliste. Pourtant, il s’agit d’un événement dont il ne faut pas mésestimer la portée historique au sens strict. Voici pourquoi.

1°) La Rule of Law triomphe de la “rule of the mob”

À chacune des étapes de la procédure de nomination du juge Kavanaugh, des activistes de gauche et d’extrême gauche se sont manifestés pour tenter d’influencer, enrayer et même arrêter les procédures constitutionnelles. Ainsi vit-on, lors des premières auditions parlementaires du juge Kavanaugh, des dizaines d’activistes hurler avec l’intention revendiquée d’interrompre, non seulement les débats, mais la procédure. Lors des auditions de la commission parlementaire faisant suite aux accusations proférées à l’encontre du juge, ce sont des centaines d’activistes qui investirent les couloirs du Congrès pour apostropher des sénateurs républicains, souvent de la façon agressive et menaçante.

Le jour même de la confirmation par le Sénat, on entendit des activistes dans les travées hurler à la mort — littéralement — au moment où des sénateurs se contentaient d’accomplir leur devoir constitutionnel: voter. Ces agissements s’inscrivent dans la tendance plus large de la gauche américaine de s’en prendre verbalement et même physiquement à des élus et militants républicains, partout dans le pays. Lorsque les “Antifas” se réunissent, par exemple pour empêcher un intellectuel républicain de prendre la parole, ce sont des centaines, parfois des milliers de miliciens violents qui se livrent à des dépradations de toutes sortes, causant coups et blessures. Il n’existe, à droite, aucun équivalent à cette milice extrémiste. Telle est la “rule of the mob” — c”est-à-dire la loi du lynchage — dont triomphe la confirmation du juge Kavanaugh.

2°) La présomption d’innocence et non la présomption de culpabilité

Ne pouvant défaire Kavanaugh sur ses “mérites” — c’est-à-dire comme juriste et sur la foi de sa carrière — les Démocrates résolurent de porter contre lui des accusations de nature sexuelle. On assista ainsi au spectacle incongru d’une femme venant accuser le juge sans préciser la date des faits — même de l’année, elle n’était pas certaine — ni leur lieu, ni comment elle s’y était rendue, ni comment elles les avait quittés. Tous les témoins des faits cités par l’accusatrice ne se souviennent de rien ou disent qu’ils n’ont rien remarqué. En dépit de cette absence totale de la moindre preuve, une commission parlementaire se réunit, devant laquelle le juge dut venir se défendre. Aussitôt, d’autres femmes se manifestèrent, avec des accusations encore plus ordurières (“gang rape”, droguer des mineures pour les violer et autres horreurs), des accusations rétractées partiellement par les accusatrices elles-mêmes ou contredites par des témoins. Le juge Kavanaugh se vit ainsi traîner dans la boue par toute la presse de gauche. Quand il put triompher des accusations de la première accusatrice, les Démocrates exigèrent une enquête complémentaire du FBI. Quand celle-ci leur fut accordée et que le FBI confirma qu’il n’existait pas la moindre preuve matérielle de rien contre Kavanaugh, les Démocrates expliquèrent que le doute devait conduire à écarter le juge. Ce qui revenait à entériner la présomption de culpabilité. Si la parole d’une femme, aussi déréalisée que celle de la première accusatrice, sans la moindre preuve et contredite par tous les éléments matériels, suffit à condamner un homme, le règne de l’arbitraire devient total. En refusant de céder, les Républicains ont restauré la présomption d’innocence.

3°) La droite à l’offensive

Certes, la droite américaine possède de toute éternité une vigueur qui fait défaut à la plupart des vieux partis de droite en Europe occidentale. Autant ceux-ci sont culturellement soumis à la gauche, autant la droite américaine s’inspire de valeurs — la liberté — et références — la Constitution — qui lui sont propres. Pour autant, la droite américaine en est progressivement venue à intégrer que la gauche incarne le camp du bien et que si l’on peut entraver et freiner la progression de ses idées, on ne peut pas réellement ni crédiblement les arrêter. Avec l’accession de Trump au pouvoir, tout cela change. Trump est un pragmatique, ce n’est pas un idéologue. Mais c’est un tempérament aussi libre et autonome qu’il est possible de l’être, qui considère que la gauche est l’adversaire et qu’il n’existe aucune raison d’en déférer à ses valeurs et marottes. Les Républicains de Trump considèrent les Démocrates comme les Démocrates ont de toute éternité considéré les Républicains: des adversaires à combattre pour l’emporter. Ce pragmatisme offensif est l’occasion d’une renaissance idéologique, avec une droite qui renoue avec ses propres valeurs, et qui rejette intégralement l’égalitarisme qui, aux Etats-Unis comme en Europe, fonde la gauche.

4°) Le retour à la Constitution des Etats-Unis

La valeur qui fonde la Constitution des Etats-Unis est la liberté et non l’égalité matérielle chérie par les socialistes de tous les pays, et de toutes les époques. Un juge conservateur, aux Etats-Unis, est un juge qui applique la Constitution, alors qu’un juge de gauche est celui qui vise à “actualiser” la Constitution, en l’interprétant dans un sens égalitariste. Ce retour à la Constitution est donc un retour à la liberté, qui aura des conséquences dans tous les compartiments de l’activité des citoyens américains.

Depuis des décennies, la Cour suprême des Etats-Unis est dominée par la gauche, qui a le dernier mot sur toutes les grandes questions de société: liberté, immigration, impôt, droit du travail, avortement, Sécurité sociale, écologie. La Cour suprême eut une majorité de gauche de 1953 à 1986 : 33 ans. Avec Renquist en 86 un recentrage s’est imposé, mais aucune majorité conservatrice ne s’est dégagée. Depuis 2005 (Roberts), la majorité est nominalement plus à droite. Toutefois, le juge Stevens est généralement considéré, par les Républicains et les Démocrates, comme un “transfuge” qui se rangea le plus souvent avec les juges “progressistes” et Kennedy au mieux comme un centriste; ce dont témoignent en effet ses contributions. La nomination du juge Kavanaugh marque le renversement de cette insolente domination. Elle aura des conséquences culturelles profondes, déterminantes, dont les effets se feront sentir jusqu’en Europe.

Drieu Godefridi (1972) is een Brusselse ondernemer, filosoof en (liberaal) publicist met aandacht voor internationale politiek en klimaatopwarming. Hij is de oprichter van het 'Institut Hayek', een liberale denktank. Hij is een veel gepubliceerd gastauteur in de Franstalige media.