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Binnenland

Drieu Godefridi : “Si la Wallonie adopte le confédéralisme, elle recevra de l’argent pendant encore 25 ans”

Doorbraak brise la bulle du 'cordon médiatique'

NieuwsFilip Michiels30/3/2024Leestijd 6 minuten
Drieu Godefridi.

Drieu Godefridi.

foto © CD

“Le confédéralisme est finalement inévitable”: interview exclusive de la tête de liste francophone de la N-VA dans le Brabant wallon, Drieu Godefridi.

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Exceptionnellement, Doorbraak.be publie aujourd’hui une interview en néerlandais et en français. Parce que nous voulons briser le cordon médiatique francophone, et donner aux lecteurs francophones la possibilité de lire cette interview de la tête de liste de la N-VA dans le Brabant wallon. Ainsi Doorbraak brise la bulle du cordon médiatique. 

L’entrepreneur et philosophe du droit Drieu Godefridi, ancien intime du MR, est en tête d’une nouvelle liste parlementaire N-VA dans le Brabant wallon, réalisant ainsi un coup d’éclat à deux mois des élections. Mais vous ne risquez pas de lire une interview de Godefridi sous peu, étant considéré comme trop polémique.  ‘Je renforce le PS ? Non, le PS est en train de s’effondrer sous Paul Magnette’.

Interview: Christophe Degreef. Traduction: Filip Michiels

Godefridi se décrit comme un conservateur de droite. Son radicalisme, dit-il, relève plus du mythe que de la vérité. ‘Il s’agit d’un discours essentiellement francophone. Du même genre que l’avertissement concernant le bruit des bottes, le soi-disant piétinement de bottes nazi qui devait parcourir la Belgique lorsque Theo Francken a pris ses fonctions de secrétaire d’État à l’asile et à la migration en 2014. Mais dans l’ensemble, je suis toujours épargné par de telles comparaisons. Je suis finalement autant à droite que la figure de proue du MR et ministre de la Justice, Jean Gol.’

‘Il y a aussi des querelles plus personnelles. Certains journalistes francophones me méprisent, par exemple ceux de la RTBF, qui – avec un budget de 400 millions d’euros par an – est une organisation particulièrement puissante dans une petite partie du pays comme la Wallonie.’

‘Le problème de la politique francophone est que tout ce qui n’est pas de gauche est aujourd’hui considéré comme étant d’extrême droite. En Europe, la Wallonie est la grande exception. En France et aux Pays-Bas, le débat est libre entre la gauche et l’extrême droite. En Flandre aussi, mais pas en Wallonie. Pourtant, le changement est en marche en Belgique francophone. Je ne pense pas que le cordon médiatique restera encore longtemps en place.’

Vous avez fait partie de la fraction du MR dans la ville de Beersel, dans le Brabant flamand, et vous avez longtemps été associé au Centre Jean Gol, le département d’études du MR. Pourquoi avez-vous choisi la N-VA ?

Drieu Godefridi : ‘Le problème de Georges-Louis Bouchez, c’est qu’il a rendu le MR plus libéral et plus à droite en paroles, mais pas en actes. Je reconnais que le MR est revenu sur la fin du nucléaire, bravo. Mais le principal problème du MR est et reste qu’il fait partie du gouvernement Vivaldi, et du  gouvernement wallon, avec le PS et Ecolo. Il n’y a pas d’alternative de droite en Wallonie : c’est Vivaldi ou les communistes. Je veux offrir cette alternative avec la N-VA. Je ne crois pas que je m’engage dans une stratégie de la N-VA pour rendre le PS plus fort en Wallonie. Le PS a de sérieux problèmes : tant à Bruxelles qu’en Wallonie, il est en déclin. Sous Elio Di Rupo, ce parti gagnait plus de 35% des voix, aujourd’hui à peine 20%. Avec Paul Magnette, le PS connaît “Der Untergang”. Avec son doctorat en sciences politiques, n’est-il pas l’arrogance même ?

Georges-Louis Bouchez voudrait gouverner avec la N-VA, il l’a exprimé à plusieurs reprises.

‘Bart De Wever ne fait pas du tout confiance à Georges-Louis Bouchez.’

N’est-il pas temps de tourner cette page ?

‘Le MR n’est pas un ennemi, mais un concurrent. Après tout, c’est Bouchez lui-même qui a voulu ce gouvernement Vivaldi gauchiste. Ce parti est tout simplement aux prises avec lui-même. Beaucoup de politiciens au sein du MR ont des problèmes avec le style de leadership monarchiste de Bouchez. Cela engendre de la méfiance. Prenez par exemple l’arrivée de Youssef Handichi, un membre du PVDA/PTB, que Bouchez a soudainement autorisé à être troisième sur la liste des députés du MR à Bruxelles.’

Avez-vous demandé des garanties à la N-VA pour ne pas scinder la sécurité sociale en échange du ‘confédéralisme’ ?

‘La N-VA est un parti confédéral. Cela signifie que nous préconisons une période de transition de 25 ans. Pendant cette période, l’argent continuera à circuler de la Flandre vers la Wallonie, par exemple dans le cadre de la sécurité sociale. Mais ensuite, nous devons avoir la garantie absolue que la Wallonie s’engagera également dans la voie de la confédération, sans aucune marge.’

Le confédéralisme est inévitable, car les régions francophones n’ont plus d’argent, et la Belgique non plus.

‘La Flandre a tout intérêt à maintenir la Wallonie à flot. Nous ne pouvons que constater que le fédéralisme actuel ne fonctionne pas. Deux options s’offrent alors à nous : la re-fédéralisation, comme le souhaite Georges-Louis Bouchez, ou le confédéralisme. Pour moi, c’est la seule option réaliste. Elle est inévitable, car les régions francophones n’ont plus d’argent, et la Belgique non plus.

Je suis la Wallonie en tant que journaliste. Si vous confrontez les francophones au fait qu’il n’y a plus d’argent, ils se taisent. ou vous obtenez une réponse qui n’en est pas une.

‘Si la Belgique fait faillite, cela signifie que les fonctionnaires ne seront plus payés et que les pensions seront fortement réduites. Je ne suis pas du tout certain que les Wallons s’en moqueront.’

‘Le deal belge, vieux de plusieurs décennies, est le suivant : plus de pouvoirs en échange d’argent. Tout le monde en a assez de ce modèle. Il est aussi un danger pour la survie de la Belgique elle-même, parce qu’il conduit à court terme à un scénario à la grecque. Nous avons le pire budget de l’Union européenne, une dette publique élevée, et l’avenir ne promet pas d’amélioration. Il n’y a guère d’autre choix que de former un cabinet d’affaires, dirigé par Bart De Wever. Car lui, au moins, reconnaît le problème et veut le résoudre. Pour aller vers une confédération.’

Une partie de l’électorat de la N-VA, et certainement celui du Vlaams Belang, pourrait réagir en disant : c’est le moment idéal pour déclarer l’indépendance de la Flandre. Parce que nous avons déjà donné beaucoup d’argent aux Wallons et que les choses ne s’améliorent toujours pas. Que leur répondez-vous ?

‘Je comprends ce raisonnement. Mais vous mettez beaucoup d’argent en jeu. Et dans un scénario grec, nous sommes tous perdants, les Flamands encore plus que les Wallons.’

‘De nombreux pays d’Europe occidentale sont confrontés à des problèmes financiers, notamment en raison du vieillissement de la population et de la transition écologique imposée. Certains pays, comme les Pays-Bas, ont un budget en meilleur état. Ils disposent encore d’une marge politique. Ce n’est pas le cas de la Belgique. Nous devons d’abord mettre de l’ordre chez nous.’

Comment expliquez-vous que la N-VA en Flandre ait mis en œuvre son propre programme vert, qui est encore plus strict dans des domaines clés que ce que la Commission européenne exige réellement ? Poursuivre la discipline budgétaire européenne semble être devenu la même chose que de faire passer la transition verte. Dans ce cas, les francophones s’attaquent à la question de manière beaucoup plus intelligente en se tenant sous la réserve, n’est-ce pas ?

‘En fin de compte, en tant qu’État membre, vous êtes assez impuissant face aux réglementations européennes. Vous devez les appliquer, du moins si vous voulez continuer à respecter l’État de droit. Et c’est ce que veut la N-VA. Si vous voulez changer ces choses – et comme vous le savez, je n’aime pas l’agenda vert – cela doit se faire au niveau européen. La Flandre et la Wallonie ne peuvent pas le faire seules. Mais en ce qui concerne des choses comme le décret sur l’azote, auquel vous faites également référence, je ne fais pas de déclarations à ce sujet. Ce sont des questions strictement flamandes.’

Vous remettez ouvertement en question la faible valeur scientifique d’une agence climatique internationale comme le GIEC. La N-VA se montre plus prudente ces derniers temps : on est ‘écomoderne’?

‘Il est vrai que je veux lutter politiquement contre l’idéologie verte. Il est inacceptable qu’une doctrine comme celle des écolos soit si faible électoralement, pendant qu’elle ait une telle influence sur la politique en Europe. Ces dernières années, nous avons vu le commissaire européen Frans Timmermans (du parti socialiste néerlandais PVDA), sous l’influence de la pensée verte, abandonner notre prospérité au profit d’un scénario de décroissance. Résultat : l’Europe recule. La responsabilité en incombe non seulement à Timmermans, mais aussi à tous les hommes politiques qui ont adopté la pensée verte.

C’est un vrai fanatisme, de la pure réligion. La haine d’une petite minorité qui en a malheureusement envoûté plus d’un. La haine d’une minorité qui se retourne contre les êtres humains, contre le fait d’avoir des enfants, contre l’Occident. Toujours contre. Toujours à démolir ce que nous avions. Comme si le reste de l’humanité ne pouvait pas aussi aimer la nature, mais sans cette folie.

Que pensez-vous du Vlaams Belang ?

‘Le Vlaams Belang parle beaucoup. Veut-il faire partie du gouvernement flamand? Si vous écoutez attentivement Tom Van Grieken, c’est parfois oui, parfois non. De quoi s’agit-il alors ? Entre-temps, le Vlaams Belang reçoit également de l’argent du contribuable, tout comme le PVDA.’

Pensez-vous que la N-VA et le Vlaams Belang peuvent gouverner ensemble en Flandre ?

‘Je ne m’exprime pas à ce sujet. Moi je travaille au niveau fédéral. Et à ce niveau-là, la N-VA est la seule alternative. Le VB ne l’est pas, parce qu’il ne veut pas former lui-même un gouvernement belge. Et même si c’était leur but, personne ne veut coopérer avec eux au niveau fédéral.’

Le VB sera cependant mathématiquement nécessaire au niveau fédéral pour atteindre la majorité des deux tiers ?

C’est possible. Mais il est bien trop tôt pour faire des déclarations à ce sujet.

 

Filip Michiels is zelfstandig journalist/auteur en schrijft voor diverse Belgische kranten, weekbladen en websites. Hij won tweemaal de Citi Persprijs voor economische journalistiek en was eenmaal genomineerd voor de Belfius Persprijs. In 2022 publiceerde hij de biografie van Bessel Kok: "Chaos & Charisma".

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